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Les Goélands

Spéciation en anneau

Goéland argenté, Larus argentatus

Goéland argenté, Larus argentatus : ailes et dos gris, pointes des ailes noires, pattes chair.

Répartition des formes proches de Larus argentatus en Europe, en Asie et en Amérique du Nord

Répartition des formes proches de L. argentatus en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Elles constituent un cercle d'anneaux entourant le Pôle Nord. On peut distinguer trois ensembles A (L. argentatus), B (L. fuscus), C (L. cachinnans).

Sur les côtes bretonnes deux espèces de Goélands très semblables coexistent : le Goéland argenté, Larus argentatus et le Goéland cendré, Larus fuscus . Le comportement et des différences écologiques permettent aux deux formes de coexister tout en restant de bonnes espèces et l'hybridation ne se produit que très rarement. D'autres formes proches de L. argentatus existent ailleurs en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, elles constituent un cercle d'anneaux entourant le Pôle Nord. On peut distinguer trois ensembles A (L. argentatus), B (L. fuscus), C (L. cachinnans) divisés en populations (A1, A2, C1 ...). Les individus de deux populations peuvent s'hybrider dans les zones où les populations se chevauchent. C'est par exemple le cas pour B1 et B2 ou pour B1 et A1 ou encore pour C2 et B3. Cette répartition est en partie le résultat de la dernière glaciation au pléistocène. A cette époque la calotte polaire s'étale largement vers le sud. Le domaine de répartition des Goélands est alors divisé en un certain nombre de refuges : la région aralo-caspienne (actuellement C2) et les côtes pacifiques de l'Asie ( actuellement A1). Après la glaciation, les Goélands regagnent le terrain perdu. Les individus de C2 (L. cachinnans) donnent naissance au groupe de populations de B c'est à dire à L. fuscus. Les individus de A1 envahissent l'Amérique du Nord et y évoluent pour donner naissance à L. smithsonianus. Ce dernier traverse l'atlantique pour s'installer en Europe et devient L. argentatus. Au bout de ce long périple en boucle autour du pôle L. argentatus et L. fuscus sont devenues de véritables espèces qui ne s'hybrident que très rarement.

La génétique raconte une histoire différente

Relations phylogénétiques des espéces du genre Larus

Relations phylogénétiques des espéces du genre Larus établie d'après la comparaison des séquences du cytochrome-b et de la région hypervariable HVR1 du génome de la mitochondrie. Répartition géographique : 1- Japon, 2-Amérique du Nord, 3-Europe, 4-hémisphère sud. (Crochet et al., 2002)

Si l'histoire est exacte, L. argentatus européen devrait être génétiquement plus proche de L. smithsonianus américain que de L. fuscus européen.
L'étude du cytochrome-b et de la région hypervariable HVR1 du génome de la mitochondrie montre exactement le contraire. L. argentatus est plus proche de L. fucus, que des espèces américaines. L. argentatus et L. fuscus constituent même un clade bien individualié par rapport aux espéces nord-américaines. Le modèle de la spéciation en anneau expliquant l'apparition des deux espèces européennes a donc vécu.

Les faibles distances génétiques entre les différentes espèces indiquent que la spéciation est récente probablement un million d'année pour les espèces les plus éloignées, moins de 170 000 ans pour les espéces les plus proches. Ces dates sont compatibles avec un fractionnement des aires de répartition à la suite des vicissitudes des glaciations du quaternaire.

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créée le : 14-05-2013     mise à jour le : 07-10-2015     1712 visites depuis le 3/08/2021
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