Les grosses têtes, l'évolution du crane des Hominidés
Parmi les traits anatomiques qui caractérisent l'espèce humaine la taille du cerveau occupe une place privilégiée. L’hominidé qui possède un gros cerveau est présumé capable de réaliser des outils. Mais à partir de quelle valeur a-t-on la “grosse tête”? Le volume cérébral d’Homo sapiens varie entre 1000 et 2000 cm3 pour une moyenne de 1350 cm3. Le plus gros cerveau de Gorille connu a un volume de 500 cm3. La frontière se situe logiquement entre 500 et 1000 cm3. Les Australopithèques avec un volume crânien de 450 à 550 cm3 restent dans la moyenne des Gorilles et des Chimpanzés.
Crâne d'Homo rudolphensis découvert au Kenya (KNMER 1470). Le crâne est arrondi, les arcades sourcilières peu développées et la face plate. La capacité crânienne est de 750 cm3. Le développement de la partie antérieure du cerveau laisse penser qu'il était capable d'utiliser un langage rudimentaire.
En 1960, Louis Leakey découvre dans les Gorges d’Olduvai, en Tanzanie, quelques éléments du squelette d'un jeune adulte : une mandibule, les os pariétaux du crâne, des os de la main et un pied presque complet. La couche de terrain qui a livré ces restes est datée de -1,8 millions d'années. On en a également extrait un Australopithèque (A. boisei) et des outils de pierre taillée. Mais de toute évidence le jeune adulte n'est pas un Australopithèque. Sa capacité crânienne avoisine les 650 cm3, les dents et le squelette sont bien plus humains et cette individu était strictement bipède. Louis Leakey venait de découvrir le premier représentant du genre Homo. C'est lui qui aurait fabriqué les outils retrouvées dans la même couche et il reçoit le nom d’Homo habilis (l'Homme habile).
Depuis les découvertes de restes de cette espèce se sont multipliés : un crâne (KNMER 1470) presque complet au Kenya, un autre en Afrique du Sud (Sterkfontein), un squelette à Olduvai. Certaines attributions sont controversées. C'est par exemple le cas du crâne KNM-ER 1813 découvert au Kenya qui avec une faible capacité crânienne (510 cm3) ne serait qu'un Australopithéque. La grande variabilité des ossements qui lui sont attribués laisse penser que l'on aurait à faire à plusieurs espèces. Les restes plus anciens que 2 millions d'années ont été regroupés dans l'espèce Homo rudolphensis (KNMER 1470). Le genre Homo remonterait à 4 millions d'années. Chez Austalopithecus afarensis il y aurait en fait 2 espèces une arboricole proche des Australopithèques et une strictement bipède proche du genre Homo. Depuis prés de 2 millions d'années le crâne du genre Homo n'a pas cessé de se modifier.Comparaison des crânes d'Hominidés