La conquète du milieu aérien par les Vertébrés
Quelque part au sud du Gondwana, sur ce qui sera plus tard Madagascar, un Lézard se prélasse dans les chauds rayons du soleil qui percent à travers les longues feuilles de l'arbre géant sur lequel ses ancêtres ont élu domicile. La chaleur envahi son corps après une nuit fraîche qui a engourdi son esprit et ses muscles. Il sera bientôt près à partir en chasse. Les insectes et les Mollusques abondent même si, cette année encore, le printemps est froid et sec. Soudain un mouvement attire son attention. Ses muscles se raidissent sous l'effet de la terreur. Il sait que l'animal qui s'avance vers lui n'a pas été gêné par le froid de la nuit. Son corps couvert de poils ne laisse aucun doute. Il n'y a qu'une chose à faire. Il saute dans le vide.
Coelurosauravus, le plus ancien vertébré volant date du Permien supérieur.
Deux ailes se déploient de chaque côté de son corps. Il tente tant bien que mal de diriger son vol plané en donnant des coups de queue à gauche et à droite. Ses muscles répondent mal, il rate la branche sur laquelle il espérait se poser et chute sur les longues feuilles de la Cordaïte géante. Ses griffes essaient désespérément de trouver une prise sur la cuticule rendue lisse par la rosée du matin. Sous le cimier du géant, il n'y a pas de branches et c'est la chute vertigineuse en vrille vers le sol en contrebas. Le lézard s'écrase sur un rocher du bord du lac une dizaine de mètres plus bas. Dans les jours qui suivent, son corps se dessèche au soleil avant d'être emporté par une crue. Le cadavre est rapidement enfoui au fond du lac et se transforme en fossile.
Deux cent soixante dix millions d'années se sont écoulées. Un Paléontologue chanceux, en mission à Madagascar, brise la roche où sont enfermés les restes fossiles du petit Reptile. De retour à Paris le savant est perplexe. Que fait cette nageoire de poisson posée sur le squelette d'un Reptile? Le fossile est promptement mutilé de ses ailes et nommé Coelurosauravus. Ce n'est que plusieurs dizaines d'années plus tard que le fossile sera reconnu à sa juste valeur. Il s'agit du plus vieux reptile volant connu. Il n'était pas capable de battre des ailes mais planait. Comme chez les Lézards volants actuels du genre Draco Lézards volants actuels du genre Draco, l'aile est constituée par une membrane soutenue par des os. Chez les Draco, les os de soutien sont des côtes trés allongées, chez Coelurosauravus par contre ce sont des os indépendants qui permettent à l'aile de se replier en éventail. Ce précurseur du Permien supérieur va être suivi par d'autres au Trias (Kuehneosaurus, Icarosaurus), leurs performances en vol plané étant très variables.
Longisquama (Trias moyen) a été trouvé dans les mêmes couches que Sharovipteryx. Il planait en utilisant les longues écailles fixées sur son dos.
Deux autres Diapsides ont adoptés des solutions différentes pour voler. Longisquama a de longues écailles qui, déployées de chaque côté du corps, lui permettent de planer. Au repos elles se redressent verticalement au dessus du dos de l'animal. Cette interprétation classique est actuellement controversée. On objecte que vu leur point d'attache elles ne pouvaient pas rester déployées pendant le vol. La pression de l'air les aurait rabattu vers le haut. Ces écailles démesurées auraient plutôt joué un rôle lors de la reproduction pour marquer le territoire et impressionner les rivaux (Voigt et al, 2008). Sharovipteryx a une membrane tendue à l'arrière des pattes postérieures ce qui lui donne une allure d'aile delta. Ce n'est pas un dispositif stable et l'essai est resté sans suite.
Pour être stable il fallait des ailes à l'avant du corps. Les Ptérosauriens du Trias supérieur sont les premiers a avoir pu se munir d'un tel dispositif et, du vol plané, ils vont pouvoir passer au vol battu c'est à dire à une locomotion réellement aérienne.