Origine et évolution de l'homéothermie : Les dents
Les isotopes 18O et 16O sont contenus dans la partie minérale de la dent, l'hydroxyapatite Ca10(PO4)6(OH)2. Le rapport des deux isotopes contenus dans la dent dépend de la température à laquelle les cristaux hydroxyapatite se sont formés. La dent croit en épaisseur en ajoutant lentement des couches minérales ; ce faisant elle enregistre les températures du corps de l'animal au cours de sa vie.
Rapport isotopiques delta 18O mesuré dans l'émail des dents de deux Cynodontes du Trias, Diademodon et Cynognathus, et chez un Crocodile actuel. Chaque point correspond à un prélèvement de 0,7 mg d'émail. (Botha et all., 2005)
Des mesures dans l'épaisseur de l'émail des dents de Cynognathus et de Diademodon (Botha et all., 2005) ont montré que les rapports isotopiques de l'oxygène variaient plus fortement chez le second que chez le premier. Sa température corporelle aurait donc été moins stable. Mais la température n'est pas le seul paramètre qui fait varier le rapport isotopique. L'évaporation appauvrit l'eau en isotope léger tandis que les précipitations l'enrichissent en isotope lourd. Dans la région où vivaient les deux animaux, le climat était chaud et sec en été puis frais et humide en hiver ce qui avait forcément des conséquences sur la composition isotopique de l'eau de boisson des animaux puis sur la composition isotopique des dents. Les deux Cynodontes buvaient la même eau ce qui autorise tout de même les comparaisons. Globalement, cela nous montre que Diademodon avait un organisme beaucoup plus sensible aux variations du milieu que Cynognathus, ses arrêts de croissance sont le reflet d'un organisme vivant au ralenti pendant la saison sèche. Cette stratégie lui permettait de passer la mauvaise saison. Cynognathus avait une température corporelle moins dépendante du milieu et un corps plus économe en eau sans doute grâce à des reins plus performants.
Poursuivons notre quête en examinant les fosses nasales des poïkilothermes et des homéothermes.