Faune d'Ediacara : les Rangéomorphes
Reconstitution de Charnia
Les Rangéomorphes (ou Pétalonamés) étaient des organismes en forme de plume ou de feuille qui vivaient fixés sur le fond par un disque. Un axe central portait des branches primaires qui se divisaient en branches secondaires qui se divisaient elles-mêmes en branches tertiaires. Les branches primaires étaient enveloppées dans un sac. Axe central et branches contenaient un squelette semi rigide. L'ensemble de l'organisme semble avoir été enveloppé dans une membrane. Cette répétition de structures à plusieurs niveaux leur donne une structure quasi fractale.
Apparus au tout début de l'Ediacarien il y a 575 millions d'années, leurs derniers représentants s'éteignent au début du Cambrien.
Ils ont été interprétés comme des Pennatules (Cnidaires). Les Pennatules sont des organismes coloniaux comprenant de nombreux polypes fixés sur les branches. Ces polypes n'ont jamais été trouvés sur les fossiles des Rangeomorphes. Certains auteurs en font des Protistes géants, d'autres des fructifications des Champignons marins, d'autres y voient un groupe d'êtres vivants au plan d'organisation original disparus sans descendance au début du Cambrien.
Leur mode de nutrition est lui aussi controversé. L'autotrophie par photosynthèse est exclue puisqu'ils vivaient aussi bien dans les eaux peu profondes (Ediacara) qu'à de fortes profondeurs (sur le talus continental dans la Péninsule d'Avalon) où la lumière ne pénètre pas. La symbiose avec des bactéries utilisant H2S a été envisagée. La théorie la mieux étayée est celle d'animaux filtreurs. En effet les études de paléoécologie menées dans la péninsule d'Avalon (Canada) montrent que la stratification en taille et le distribution spatiale des différentes espèces sont compatibles avec ce mode de nutrition. La forme de différentes espèces d'un même genre vivant dans le même milieu est également en accord avec cette hypothèse.
Charniodiscus spinosus (à droite) et C. procerus (à gauche) adultes. La forme des deux espèces leur permet d'exploiter la colonne d'eau sans se faire concurrence. Grâce à son axe court, C. spinosus exploite la couche inférieure où la vitesse du courant est plus faible que dans la couche supérieure exploitée par C. procerus. Sa forme plus large lui permet d'exploiter une plus grande surface et de compenser ainsi ce handicap. (d'après LaFlamme et al., 2004)